Ton enfant pique des colères et tu ne sais pas comment réagir ? Et si nous changions notre regard sur cette émotion ?

La colère est une émotion souvent mal comprise, mais elle joue un rôle essentiel dans le développement de ton enfant… et dans la vie de chacun. Cette émotion a plusieurs fonctions importantes que nous allons explorer ensemble dans cet article.

Parce que la colère est souvent perçue comme désagréable et qu’elle peut mener à des comportements socialement inacceptables, les méthodes éducatives d’autrefois encourageaient souvent son refoulement :

  • « Va dans ta chambre, tu reviendras quand tu seras calme. » (Le message que ton enfant reçoit : ma colère n’est pas acceptable, je suis rejeté quand je suis en colère.)
  • « Arrête tout de suite, sinon tu n’auras pas (activité, écran, privilège). » (Le message que ton enfant reçoit : ma colère n’est pas acceptable, je suis puni pour ma colère.)

Je parle bien d’« autrefois », mais toi et moi savons que ces réflexes sont encore très présents aujourd’hui. Parfois, on agit ainsi parce qu’on veut « bien élever » nos enfants ou simplement parce qu’on ne connaît pas d’autres options pour le moment.

Dans la suite, je t’invite à découvrir comment passer du refoulement à l’acceptation de la colère, tout en guidant ton enfant vers une expression adaptée de ses émotions.


La colère, une émotion normale et nécessaire

La colère est une réponse naturelle de ton cerveau face à une frustration ou une menace perçue. Quand un obstacle se dresse entre toi et un besoin, ou que tu ressens une injustice, ton cerveau active un mécanisme de défense. Ce processus est principalement orchestré par l’amygdale, une petite structure qui détecte le danger et déclenche une série de réactions physiologiques.

Autrement dit, quand ton enfant se fait voler un jouet, qu’on lui dit non, ou que tu lui demandes de faire quelque chose qu’il n’a vraiment pas envie de faire (comme les devoirs ou les tâches ménagères), son amygdale envoie un signal d’alarme et la colère éclate. C’est un processus naturel et nécessaire.

La colère n’est donc ni « bonne » ni « mauvaise » : elle est simplement un signal indiquant qu’un besoin ou une limite n’est pas respecté. Le vrai défi, c’est la manière dont cette colère est exprimée.

Comprendre ce qui se cache derrière les colères de ton enfant t’aidera à intervenir à la source du problème et à garder ton calme plus facilement. Voici les 3 fonctions principales de la colère chez l’enfant.


Les principales fonctions de la colère chez l'enfant

1. Exprimer un besoin non satisfait

Parfois, la colère de ton enfant est un moyen d’exprimer un besoin qui n’est pas comblé :

Par exemple, le matin, tu es pressé et tu décides d’aider ton enfant de 3 ans à s’habiller pour gagner du temps. Il explose en criant qu’il veut le faire tout seul — un besoin d’autonomie très fort.

Ou encore, tu demandes à ton enfant de 4 ans de brosser ses dents et de s’habiller avant le déjeuner. Il s’oppose et devient irritable pendant toute la routine — un besoin de contrôle, fréquent à cet âge.

Ton enfant de 8 ans joue à un jeu de société avec sa sœur, mais il a l’impression qu’elle triche ou que les règles ne sont pas justes. Frustré, il se met en colère, crie « Ce n’est pas juste ! » et refuse de continuer — un besoin de justice qui s’exprime.

Pour l’accompagner, nomme le besoin que tu perçois, propose une solution et enseigne-lui à s’exprimer avec douceur.


2. Apprendre à poser ses limites

La colère sert aussi à protéger son espace et ses limites personnelles :

Un enfant de 2 ans joue avec des blocs quand un autre tente de lui prendre un jouet. Il crie « Non ! » et tape par frustration, car il ne sait pas encore comment s’affirmer autrement.

Un enfant de 6 ans joue avec un ami qui triche. Il s’énerve et refuse de continuer, car il veut que le jeu soit équitable.

Un enfant de 8 ans lit dans sa chambre quand son petit frère entre sans frapper. Il crie et claque la porte, affirmant ainsi son besoin d’intimité.

Pour l’aider, apprends-lui à nommer ses émotions et besoins, propose des moyens d’apaisement et invite-le à chercher des solutions. Dès 4 ans, il peut apprendre à résoudre des conflits avec des jeux simples (roche-papier-ciseaux, chacun son tour, échange, etc.).


3. Évacuer un trop-plein émotionnel

Parfois, la colère reflète un débordement dû à la fatigue ou à une surcharge sensorielle :

Après une journée bien remplie à la garderie, un enfant de 4 ans refuse d’enlever son manteau et explose en colère, car il est épuisé.

Un enfant de 6 ans revient d’une fête d’anniversaire très stimulante et jette ses chaussures quand on lui demande de les ranger, signe d’une surcharge émotionnelle.

Un enfant de 8 ans, après une journée d’école et d’entraînement sportif, se met à pleurer et à crier quand on lui demande de faire ses devoirs : il a dépassé ses limites physiques et émotionnelles.

Pour l’accompagner, aide-le à prendre conscience de ses limites corporelles en lui demandant régulièrement ce qu’il ressent dans son corps : « As-tu des chatouilles dans le ventre ? Que ressens-tu dans tes bras ou tes jambes ? »

Lors d’une crise, il a besoin d’un parent qui l’accueille sans jugement, lui propose des moyens d’expression et garde son calme. Cela lui permet de se sentir en sécurité pour décharger ses émotions.


En résumé

La colère de ton enfant est un puissant message. La comprendre et y répondre avec patience et empathie t’aidera à l’accompagner vers une meilleure gestion émotionnelle.

Comment accompagner ton enfant dans ses émotions?

Accompagner ton enfant dans ses émotions, c’est d’abord lui permettre de reconnaître et nommer ce qu’il ressent. Par exemple, tu peux lui dire :

« Je vois que tu es très en colère, tu aurais aimé que… »

Mettre des mots sur ses émotions l’aide à mieux comprendre et exprimer ce qu’il vit intérieurement.

Il est important de ne pas réprimer ses émotions, mais de les canaliser avec douceur. Pour cela, tu peux lui proposer des outils concrets comme :

  • Un coin de retour au calme où il peut se poser
  • Des exercices de respiration pour apaiser ses tensions
  • Des objets sensoriels qui l’aident à se recentrer
  • La proposition de moyens que vous aurez convenu ensemble dans un moment de calme (marcher, aller dehors, flatter mon chat, etc.)

Enfin, tu es un modèle important pour lui. En montrant comment toi-même tu gères tes émotions, tu lui offres un exemple puissant. Tu peux lui dire :

« Je suis fâché, je vais respirer un moment avant de te répondre. »

Cette transparence lui apprend que les émotions sont normales et qu’on peut les gérer avec calme et respect.

En conclusion

La colère est une émotion tout à fait normale, mais elle peut être difficile à gérer pour ton enfant tant que son cerveau n’a pas atteint un certain niveau de maturité. Il a besoin que tu sois là pour l’accompagner dans ses tempêtes émotionnelles, qu’il se sente soutenu, accueilli et en sécurité, même si cette émotion peut être difficile à recevoir.